Peut-on imaginer plus belle déclaration d’amour à la langue judéo-espagnole que ces Ombres cousues de Myriam Moscona ?

Florence Olivier En attendant Nadeau

« Maman, je suis ta mère, je suis ta sœur, je suis ton fils, je suis moi, regarde mes allergies enflammées, regarde comme je me soumets, regarde comme je te chante, danse cette valse, regarde comme j’ai appris ta langue, regarde comme je me glisse dans ton monde, regarde comme je porte l’étoile jaune, regarde cette bactérie qui me ronge les bras, regarde-moi transformée en toi, regarde comme je te cours après dans la rue, regarde comme j’invente ta mort, ne m’ignore pas, maman, je t’ai apporté un petit pain tout juste sorti du four, je t’ai apporté une photo du camp de Dachau, je t’ai apporté ma fille, regarde-la bien, elle a l’air de venir des Balkans, comme toi, regarde, je t’ai apporté une goutte de sang. Ouvre la bouche. »